In memoriam Prince AlphonseIl y a vingt ans lorsque nous fûmes réveillés pour apprendre la terrible nouvelle de la mort
accidentelle du Prince Alphonse ce fut pour tous ses proches la stupeur. A mesure que la nouvelle se
répandait, l'abattement se propagea à tous ses fidèles et à ceux qu'il avait rencontrés.
Au-delà de la mort d'un Prince dont tous appréciaient le charisme, les qualités humaines et
de cœur, le sens politique (la prudence des Bourbons), l'érudition, chacun se rendait compte aussi
qu'un espoir pour la France venait de de disparaître. Depuis trois ans que le Prince sillonnait son
pays que de choses avions-nous pu vivre ! Que de contacts, d'idées partagées, de projets qui
renaissaient partout ! Si tout cela peut paraître étrange de nos jours où le contexte politique et social
a tellement changé, comment ne pas se rappeler qu'il y a vingt ans, pour la première fois sans doute
depuis le Comte de Chambord, nous pouvions croire en un avenir meilleur. Nous pouvions espérer
renouer avec nos traditions. De nouveau la royauté avait sa place. Le Prince la rendait si actuelle et
si naturelle. En témoigne le souci qu'il eut de donner son rang à la France dans les JO d'hiver, sa
manière d'aborder l'Europe qu'il ne concevait qu'avec les repères que seules les dynasties anciennes
pouvaient lui donner, sa conception du rôle de la majesté et de la fonction royale. Il aimait répéter
que les Bourbons étaient prêts à reprendre leur place dès lors que les Français en seraient
convaincus. Et ils commençaient de l'être.
Mais cette mort si tragique devait aussi nous permette de mieux comprendre le mystère de la
royauté française si différente d'une simple monarchie. La mort du Prince Alphonse signifiait
l'avènement du Prince Louis, alors âgé de quatorze ans. Il devînt notre chef incontesté et
incontestable et chacun se mit à son service, malgré sa jeunesse et son manque d'expérience, tant il
est vrai qu'en France, le roi ne meurt jamais. Le principe dépasse la personne. Il le dépasse car le
roi, incarnation de toutes les familles, est la tête de la nation et ce qui lui donne du sens. Cela est
bien au dessus du pouvoir, ô combien temporel, d'un simple monarque. Oui, un enfant peut être roi
de France ! Et, à l'expérience, nous avons déjà pu constater combien notre chef de Maison,
désormais, devenu homme a, dès le début, rempli son rôle, c'est-à-dire assumé les devoirs que sa
légitimité lui incombait. Comme chacun de ses aïeux a aussi su le faire au cours du millénaire
passé, il a apporté sa propre touche. Si la Prince Alphonse a voulu être un pont entre deux époques
et a souhaité renouer l'antique dialogue entre la France et se dynastie, le Prince Louis, cette étape
désormais franchie, se place résolument dans l'avenir. Il a compris combien notre société était en
pleine mutation et combien le rôle des dynasties est de maintenir les repères pour assurer les
changements. Donner du sens à notre société. Tel est bien ce qui guide toute notre action. Il ne s'agit
pas d'être fidèles à une nostalgie mais à des principes dont mille ans d'histoire ont prouvé la justesse.
Le Prince Alphonse a montré que la voie était possible. Le Prince Louis rappelle désormais,
régulièrement, qu'il s'agit, avec l'aide de Dieu et de tous les saints, de prendre en main notre destin,
le salut de la France.
Duc de Bauffremont
http://documents.royaute.org/imb47.pdf